La Confédération suisse à la fin du Moyen Âge

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La fondation de la confédération

Les communautés d’Uri, Schwyz et Unterwalden étaient peuplées d’un grand nombre de paysans libres. À l’origine, des seigneurs séculiers ou ecclésiastiques les avaient envoyés pour défricher les bois et cultiver la terre dans les conditions environnementales sévères des vallées alpines. Les problèmes liés à l’utilisation des pâturages, au surpâturage, à la coupe des forêts et aux catastrophes naturelles telles que les glissements de terrain, les inondations et les avalanches étaient trop complexes pour être résolus par une seule personne ou une seule famille.
Loin de leurs seigneurs, ces paysans formaient des communautés relativement indépendantes (Talgenossenschaften), dans lesquelles des assemblées de tous les hommes libres (Landsgemeinden) élisaient leurs propres dirigeants (Landammann) parmi l’oligarchie locale. Des serments solennels maintenaient ces communautés unies, et l’élevage procurait des revenus considérables. Leur relative autonomie fut renforcée par les rois et empereurs Hohenstaufen, qui privilégièrent ces communes rurales et en firent des sujets immédiats de la couronne afin de maintenir libres les routes entre la Souabe et l’Italie, en particulier le col du Saint-Gothard, rendu accessible après 1200 par la construction de ponts audacieux. En tant que concurrents de l’empire et souverains de l’approche nord du Saint-Gothard, la maison des Habsbourg manifesta un intérêt croissant pour cette même région.

La Confédération suisse jusqu’en 1798.

En 1291, à la mort de Rodolphe Ier de Habsbourg, les élites des Waldstätte (« cantons forestiers ») d’Uri, Schwyz et Unterwald renouvellent un traité plus ancien confirmant qu’elles maintiendront la paix publique et une juridiction efficace sans ingérence extérieure, assurant ainsi leur position privilégiée. De tels pactes étaient courants à l’époque, mais celui-ci devait être considéré beaucoup plus tard comme la fondation de la Confédération suisse (ce n’est que depuis 1891 que le 1er août 1291 est célébré comme la naissance de la nation). Les récits de Guillaume Tell et de la fondation de la confédération dans la prairie du Rütli, au bord du lac des Quatre-Cantons, sont également légendaires, mais ils datent de la fin du XVe siècle.
Au sein de l’empire, les trois Waldstätte se rangent du côté des rivaux des Habsbourg ; Henri VII de Luxembourg confirme la domination impériale directe sur la région en 1309, tout comme plus tard Ludwig de Bavière. Lors de la bataille de Morgarten en 1315, les fantassins paysans des cantons forestiers ont vaincu une armée de chevaliers autrichiens blindés envoyée contre eux en réponse aux attaques contre le riche monastère d’Einsiedeln (près du lac de Zurich). Après la victoire, la ligue de 1291 est confirmée et étendue ; en matière de relations extérieures, la consultation entre les membres devient obligatoire.
Ce qui distingue la Confédération suisse des nombreuses autres ligues en Europe est le fait qu’elle réunit des communes rurales et urbaines ayant des droits égaux, qui ont toutes deux acquis une autonomie par rapport aux seigneurs locaux (évêques ou huissiers). La puissance économique des villes suisses, dont les marchands se rendent à Venise, Cracovie (Kraków), Anvers, Lyon et autres centres commerciaux, élimine progressivement le pouvoir et l’influence de la noblesse féodale, comme les comtes de Greyerz ou de Toggenburg, qui dépendent d’une économie rurale particulièrement ébranlée par la crise du Bas Moyen Âge (peste, mauvaises récoltes et famine). En effet, le niveau de vie des nobles ne différait guère de celui de leurs sujets plus aisés, surtout après la peste noire qui sévit en Europe à partir de 1348 – réduisant la population suisse d’environ un quart -, ce qui permettait aux paysans plus riches de cultiver davantage de terres. Pendant cette période, les villes ont acheté des terres et des droits seigneuriaux à des nobles endettés et ont ainsi acquis leur propre territoire, où elles ont assujetti la population à la manière des seigneurs féodaux.

En devenant bourgeois des villes et en y résidant souvent même.

Les nobles inférieurs se sont retrouvés officiers d’une administration urbaine plus efficace qui cherchait à utiliser la juridiction régulière en remplacement de la guerre féodale et à garantir des conditions sûres et rationnelles pour l’expansion commerciale. Dans le même but, les villes suisses ont réussi à obtenir les privilèges dont jouissaient les villes impériales libres et à s’unir en ligues, comme la Confédération bourguignonne de Berne, ou ont poursuivi des relations régionales spéciales, comme l’orientation de Zurich vers la Souabe et l’accent mis par Bâle sur la région du Rhin.
L’expansion de la Confédération suisse a suivi la même logique, promettant une aide contre les dangers étrangers et internes. Parfois, l’adhésion à la confédération était le résultat d’une discorde au sein d’une ville ; par exemple, Zürich est devenue membre de l’alliance en 1351 après une révolution des guildes contre la noblesse pro-Habsbourg. Dans le traité qui en a résulté, l’arbitrage commun a d’abord été établi comme moyen de régler les conflits entre les cantons. En 1332, Lucerne était entrée dans la ligue ; Zoug

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