La chasse est interdite à Genève

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Genève, le seul canton suisse où la chasse est interdite, déclare qu’il doit abattre les deux tiers de sa population de sangliers. « La situation est devenue incontrôlable », déclare Gottlieb Dandliker, inspecteur cantonal de la faune.

La Genève sans chasse combat la population de sangliers

Le problème de l’accroissement de la population de sangliers ne se limite pas à Genève, ni à la Suisse. Depuis une vingtaine d’années, c’est un phénomène qui touche toute l’Europe. Mais Genève offre un modèle intéressant pour la gestion de cette espèce. « Ce n’est pas parce que la chasse est interdite qu’il n’y a pas de régulation de la population animale », explique Robert Cramer, ministre cantonal de l’environnement. Malgré sa réputation de petite ville-état, la moitié de la surface de Genève est constituée de campagne, dont une part considérable de forêt.

Projet pilote

Le canton sert de projet pilote pour un nouveau programme national destiné à gérer la population de sangliers. Il comprend une étude scientifique de l’espèce, des mesures de prévention des dégâts, une coopération transfrontalière et un abattage sur la base d’un recensement permanent. « Nous subissons la pression du secteur agricole d’un côté et du lobby de la protection des animaux de l’autre », explique M. Dandliker.

« Notre solution consiste à être très ouverts sur ce que nous faisons. Les deux parties comprennent maintenant qu’il n’est pas acceptable d’anéantir la population de sangliers, et qu’il n’est pas possible de la laisser sans contrôle. Depuis 1974, date à laquelle la chasse a été interdite par un référendum cantonal, de nombreuses espèces différentes – y compris des renards, des lièvres et des corbeaux – ont dû être abattues parce que leur nombre faisait peser une charge excessive sur l’écosystème local ou causait trop de dommages aux cultures et aux propriétés privées.

Adaptable

Les sangliers sont omnivores et ont une capacité d’adaptation exceptionnelle. Leurs prédateurs naturels – le lynx et le loup – sont rares ou inexistants en Suisse. S’ils peinent à trouver de la nourriture dans leur habitat forestier naturel, ils s’aventurent dans les zones agricoles. On estime que les sangliers ont causé plus de 600 000 francs de dégâts aux cultures à Genève cette année. En termes de surface, les champs de blé, les champs de maïs et les pâturages ont été les plus touchés. Mais les sangliers genevois ont pris goût aux raisins du canton et, en termes de coût, ce sont les vignobles qui ont été les plus touchés. Le coût pour les producteurs de vin a été estimé à 370 000 francs suisses. Mais le problème ne s’arrête pas à la dévastation des terres cultivées. Les sangliers sont responsables d’une augmentation du nombre d’accidents de la route. Pas moins de 40 collisions entre des sangliers et des véhicules ont été enregistrées l’an dernier dans le canton.

La tâche de Genève est d’autant plus difficile que ces animaux intelligents se rendent compte qu’ils sont chassés et que, pendant la saison de chasse dans le canton de Vaud voisin et en France, beaucoup traversent la frontière pour trouver refuge.

Des mesures drastiques

Bien qu’il soit difficile de donner un chiffre exact, la population de sangliers dans le canton est estimée à environ 300 animaux. Si rien n’est fait, en l’espace d’un an, ce chiffre atteindra 750. Le service cantonal des forêts estime que la forêt genevoise ne peut supporter qu’une population de sangliers de 100 individus. Des mesures drastiques devront être prises. Mais les gardes forestiers sont soumis à des restrictions strictes. Ils n’abattent que la nuit – pour ne pas mettre en danger le public – et ne tirent que sur les animaux qui se trouvent sur des terres cultivées. Les sangliers sont des créatures intelligentes, souvent dirigées par une truie matriarcale, et l’on espère qu’ils apprendront rapidement à rester dans les forêts. « Il doit y avoir un équilibre entre les animaux et l’environnement dans lequel ils vivent », explique M. Cramer, membre du parti écologiste.

Déséquilibre

« Nous sommes maintenant dans une situation où il y a un tel déséquilibre que les sangliers ne peuvent plus vivre dans les forêts. Ils vont sur les terres agricoles et causent de gros dégâts, ils vont sur les routes et créent un danger. Nous devons essayer de retrouver l’équilibre.

Selon M. Cramer, il y a aussi la crainte qu’avec une grande population de sangliers, des maladies comme la peste porcine se propagent plus rapidement. La tâche des organismes de gestion forestière des autres cantons n’est pas facilitée par le fait que la chasse est autorisée. En plus de s’occuper de la faune, ils doivent aussi gérer les chasseurs. Il existe un fort sentiment à Genève que la campagne doit être appréciée par tous les citoyens du canton, et si la chasse était autorisée, des dizaines de milliers de personnes en seraient privées pendant plusieurs semaines chaque automne.

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