Voici une histoire développée des Rues Basses à Genève, l’une des artères les plus emblématiques de la ville :
1. Origines médiévales : un axe en contrebas de la vieille ville
Les « Rues Basses », comme leur nom l’indique, désignent un ensemble de rues situées en contrebas de la Vieille Ville de Genève, sur la rive gauche du Rhône. Ce terme désigne principalement trois rues : la rue du Marché, la rue de la Confédération, et la rue de Rive. À l’époque médiévale, cette zone correspondait aux faubourgs en bordure des remparts, utilisés principalement pour le commerce, les marchés et la circulation des marchandises.
Ce secteur longeait les fortifications basses et se trouvait plus proche du niveau du lac et du fleuve que la ville haute, cœur du pouvoir ecclésiastique et politique.
2. Le grand marché de Genève (XIVᵉ–XVIIIᵉ siècle)
La rue du Marché, qui reste aujourd’hui encore le cœur de cet axe, tire son nom du grand marché qui s’y tenait régulièrement. C’était un lieu animé, où se croisaient paysans, marchands, artisans, colporteurs et bourgeois. Des halles en bois s’y trouvaient, vendant vivres, étoffes, outils et épices. C’était une zone commerciale vitale pour l’économie locale.
L’espace y était dense, vivant, bruyant. Des auberges et estaminets bordaient les rues, avec des enseignes en fer forgé suspendues au-dessus des ruelles pavées.
3. Urbanisation et prestige (XIXᵉ siècle)
Avec l’ouverture de la ville hors de ses remparts au XIXᵉ siècle, les Rues Basses gagnent en importance. Elles deviennent une zone de promenade et de commerces chics, s’inspirant des grands boulevards haussmanniens et des rues commerçantes parisiennes. La bourgeoisie genevoise y établit des magasins, des salons de thé, des librairies et des banques.
Des immeubles cossus remplacent peu à peu les échoppes médiévales. L’éclairage au gaz, puis électrique, transforme l’ambiance des rues le soir. Le tramway y circule dès la fin du XIXᵉ siècle, renforçant leur rôle de carrefour urbain.
4. L’âge d’or du commerce genevois (XXᵉ siècle)
Les Rues Basses deviennent progressivement l’artère commerçante de luxe de Genève. De grands noms de l’horlogerie, de la bijouterie, de la maroquinerie et de la mode s’y installent. Le flux de piétons augmente avec l’arrivée du tourisme international et des congrès diplomatiques. Les vitrines deviennent plus sophistiquées, les devantures sont modernisées, et les passages intérieurs sont intégrés aux parcours commerçants (notamment le passage Malbuisson ou la galerie du Centre Confédération).
Dans les années 1970–1980, plusieurs rues sont piétonnisées, renforçant leur attractivité. On y organise des expositions artistiques, des décorations saisonnières, et des événements culturels.
5. Les Rues Basses aujourd’hui
Aujourd’hui, les Rues Basses sont l’un des lieux les plus fréquentés de Genève. Elles incarnent la fusion entre patrimoine, commerce, et vie urbaine moderne. On y retrouve autant des enseignes internationales que des institutions locales anciennes, des bâtiments historiques que des architectures plus récentes intégrées avec soin.
Elles sont aussi un lieu de sociabilité : on y flâne, on s’y retrouve entre amis, on y déjeune en terrasse ou on y observe les vitrines prestigieuses. Malgré les évolutions du commerce et l’arrivée du e-commerce, les Rues Basses conservent leur prestige et demeurent un symbole du savoir-vivre genevois.